Je vous offre en lecture un conte
que j'ai toujours aimé
et que j'ai mimé en le récitant,
lors d'une campagne électorale
ce qui avait bien plu au public
Ni voyez aucune ressemblance
mais une allusion un sentiment de dérision
à qui je le pense
et qui vous amusera Jupiter est nu
Seuls les sots ne le voient pas ...
les contes D’Andersen
sont pour moi parmi les plus beaux
je vous laisse découvrir celui-ci
j'aime aussi la petite fille aux allumettes
Bonne lecture...
Il y avait autrefois un grand-duc
qui aimait tant les habits neufs
, qu’il dépensait tout son argent à sa toilette.
Lorsqu’il passait ses soldats en revue,
lorsqu’il allait au spectacle ou à la promenade,
il n’avait d’autre but que de montrer ses habits neufs
À chaque heure de la journée,
il changeait de vêtements, et comme on dit d’un roi :
« Il est au conseil, » on disait de lui :
« Le grand-duc est à sa garde-robe. »
La capitale était une ville bien gaie, grâce à la quantité
d’étrangers qui passaient ; mais un jour il y vint aussi deux
fripons qui se donnèrent pour des tisserands et
déclarèrent savoir tisser la plus magnifique étoffe
du monde. Non-seulement les couleurs
et le dessin étaient extraordinairement beaux,
mais les vêtements confectionnés avec cette étoffe
possédaient une qualité merveilleuse :
ils devenaient invisibles pour toute personne
qui ne savait pas bien exercer son emploi
ou qui avait l’esprit trop borné.
« Ce sont des habits impayables, pensa le grand-duc ;
grâce à eux, je pourrai connaître les hommes incapables
de mon gouvernement :
je saurai distinguer les habiles des niais.
Oui, cette étoffe m’est indispensable. »
Puis il avança aux deux fripons une forte somme
afin qu’ils pussent commencer immédiatement leur travail.
Ils dressèrent en effet deux métiers,
et firent semblant de travailler,
quoiqu’il n’y eût absolument rien sur les bobines.
Sans cesse ils demandaient de la soie fine
et de l’or magnifique ;
mais ils mettaient tout cela dans leur sac,
travaillant jusqu’au milieu de la nuit
avec des métiers vides.
« II faut cependant que je sache où ils en sont, »
se dit le grand-duc.
Mais il se sentait le cœur serré en pensant que les
personnes niaises ou incapables de remplir leurs fonctions
ne pourraient voir l’étoffe.
Ce n’était pas qu’il doutât de lui-même ;
toutefois il jugea à propos d’envoyer quelqu’un pour
examiner le travail avant lui.
Tous les habitants de la ville
connaissaient la qualité merveilleuse de l’étoffe,
et tous brûlaient d’impatience de savoir combien leur
voisin était borné ou incapable.
« Je vais envoyer aux tisserands mon bon vieux ministre,
pensa le grand-duc, c’est lui qui peut le mieux juger
l’étoffe ; il se distingue autant par son esprit que par ses
capacités. »
L’honnête vieux ministre entra dans la salle où les deux
imposteurs travaillaient avec les métiers vides.
« Bon Dieu ! pensa-t-il en ouvrant de grands yeux, je ne
vois rien. » Mais il n’en dit mot.
Les deux tisserands l’invitèrent à s’approcher,
et lui demandèrent comment il trouvait le dessin et les
couleurs. En même temps ils montrèrent leurs métiers
et le vieux ministre y fixa ses regards
;mais il ne vit rien
par la raison bien simple qu’il n’y avait rien.
« Bon Dieu ! pensa-t-il, serais-je vraiment borné ?
Il faut que personne ne s’en doute.
Serais-je vraiment incapable ?
Je n’ose avouer que l’étoffe est invisible pour moi.
— Eh bien ! qu’en dites-vous ? dit l’un des tisserands.
— C’est charmant
— C’est charmant, c’est tout à fait charmant !
répondit le ministre en mettant ses lunettes.
Ce dessin et ces couleurs....
oui, je dirai au grand-duc que j’en suis très-content.
— C’est heureux pour nous, » dirent les deux tisserands ;
et ils se mirent à lui montrer des couleurs
et des dessins imaginaires en leur donnant des noms.
Le vieux ministre prêta la plus grande attention, pour
répéter au grand-duc toutes leurs explications.
Les fripons demandaient toujours de l’argent,
de la soie et de l’or ; il en fallait énormément pour ce
tissu. Bien entendu qu’ils empochèrent le tout
; le métier restait vide et ils travaillaient toujours.
Quelque temps après, le grand-duc envoya un autre
fonctionnaire honnête pour examiner l’étoffe
et voir si elle s’achevait.
Il arriva à ce nouveau député la même chose qu’au
ministre ; il regardait et regardait toujours, mais ne voyait rien.
« N’est-ce pas que le tissu est admirable ?
demandèrent les deux imposteurs en montrant
et expliquant le superbe dessin et les belles couleurs
qui n’existaient pas.
— Cependant je ne suis pas niais ! pensait l’homme.
C’est donc que je ne suis pas capable de remplir ma place ?
C’est assez drôle, mais je prendrai bien garde de la
perdre. »
Puis il fit l’éloge de l’étoffe, et témoigna toute
son admiration pour le choix des couleurs et le dessin.
« C’est d’une magnificence incomparable, »
dit-il au grand-duc,
et toute la ville parla de cette étoffe extraordinaire.
Enfin, le grand-duc lui-même voulut la voir pendant qu’elle
était encore sur le métier.
Accompagné d’une foule d’hommes choisis,
parmi lesquels se trouvaient les deux honnêtes
fonctionnaires, il se rendit auprès des adroits filous
qui tissaient toujours, mais sans fil de soie ni d’or, ni
aucune espèce de fil.
« N’est-ce pas que c’est magnifique !
dirent les deux honnêtes fonctionnaires.
Le dessin et les couleurs sont dignes de Votre Altesse. »
Et ils montrèrent du doigt le métier vide,
comme si les autres avaient pu y voir quelque chose.
« Qu’est-ce donc ? pensa le grand-duc,
je ne vois rien , c’est terrible.
Est-ce que je ne serais qu’un niais ?
Est-ce que je serais incapable de gouverner ?
Jamais rien ne pouvait m’arriver de plus malheureux. »
Puis tout à coup il s’écria :
C’est magnifique ! J’en témoigne
ici toute ma satisfaction. »
Il hocha la tête d’un air content,
et regarda le métier sans oser dire la vérité
Tous les gens de sa suite regardèrent de même
les uns après les autres, mais sans rien voir,
et ils répétaient comme le grand-duc :
« C’est magnifique ! »
Ils lui conseillèrent même de revêtir cette nouvelle étoffe
à la première grande procession.
« C’est magnifique ! c’est charmant ! c’est admirable ! »
exclamaient toutes les bouches,
et la satisfaction était générale.
Les deux imposteurs furent décorés, et reçurent le titre
de gentilshommes tisserands.
Toute la nuit qui précéda le jour de la procession,
ils veillèrent et travaillèrent à la clarté de seize bougies.
La peine qu’ils se donnaient était visible à tout le monde.
Enfin, ils firent semblant d’ôter l’étoffe du métier,
coupèrent dans l’air avec de grands ciseaux, cousirent
avec une aiguille sans fil, après quoi ils déclarèrent que le
vêtement était achevé.
Le grand-duc, suivi de ses aides de camp,
alla l’examiner, et les filous, levant un bras en l’air
comme s’ils tenaient quelque chose, dirent :
« Voici le pantalon, voici l’habit, voici le manteau.
C’est léger comme de la toile d’araignée.
Il n’y a pas de danger que cela vous pèse sur le corps,
et voilà surtout en quoi consiste la vertu de cette étoffe.
— Certainement, répondirent les aides de camp ; mais ils
ne voyaient rien, puisqu’il n’y avait rien.
— Si Votre Altesse daigne se déshabiller, dirent ;
"Oui, oui !", dirent tous les courtisans, mais ils ne pouvaient rien voir, puisqu'il n'y avait rien. "Votre Majesté Impériale veut-elle avoir l'insigne bonté d'ôter ses vêtements afin que nous puissions lui mettre les nouveaux, là, devant le grands miroir !" L'empereur enleva tous ses beaux vêtements et les escrocs firent comme s'ils lui enfilaient chacune des pièces du nouvel habit qui, apparemment, venait tout juste d'être cousu. L'empereur se tourna et se retourna devant le miroir. "Dieu ! comme cela vous va bien. Quels dessins, quelles couleurs" s'exclamait tout le monde. "Ceux qui doivent porter le dais au-dessus de Votre Majesté ouvrant la procession sont arrivés", dit le maître des cérémonies. "Je suis prêt", dit l'empereur. "Est-ce que cela ne me va pas bien ? Et il en se tourna encore une fois devant le miroir, car il devait faire semblant de bien contempler son costume. Les chambellans qui devaient porter la traîne du manteau de cour tâtonnaient de leurs mains le parquet, faisant semblant d'attraper et de soulever la traîne. Ils allèrent et firent comme s'ils tenaient quelque chose dans les airs; ils ne voulaient pas risquer que l'on remarquât qu'ils ne pouvaient rien voir. C'est ainsi que l'Empereur marchait devant la procession sous le magnifique dais , et tous ceux qui se trouvaient dans la rue ou à leur fenêtre disaient: "Les habits neufs de l'empereur sont admirables ! Quel manteau avec traîne de toute beauté, comme elle s'étale avec splendeur !" Personne ne voulait laisser paraître qu'il ne voyait rien, puisque cela aurait montré qu'il était incapable dans sa fonction ou simplement un sot. Aucun habit neuf de l'empereur n'avait connu un tel succès. "Mais il n'a pas d'habit du tout !", criait petit enfant dans la foule."Entendez la voix de l'innocence!", dit le père;et chacun murmura à son voisin ce que l'enfant avait dit.Puis la foule entière se mit à crier: "Mais il n'a pas d'habit du tout!" L'empereur frissonna, car il lui semblait bien que le peuple avait raison, mais il se dit: "Maintenant, je dois tenir bon jusqu'à la fin de la procession." Et le cortège poursuivit sa route et les chambellans continuèrent de porter la traîne, qui n'existait pas. On pourrait aussi dire : Que tout profiteur vis aux dépends de ceux qui l'écoutent ! ou qui les a fait ministres et qui le louangent sachant que Jupiter a des habits trop grands . Ses serviteurs sont des afidés.. . a qui il donne un os a ronger Rosie |