Pour changer un peu de poésie et celle que je préfère
De jolis mots pour adoucir nos maux
Voici un beau poème que le poète écrivit à ses quinze ans
Il enchanta mon adolescence :
Un professeur me l'avait fait découvris en 6me
Et que je murmurais un soir à l'oreille
d'un ami : Ophélie et ses voiles blancs
Ophélie et ses seins frôlés par le vent
Ophélie un des beaux poèmes écrit
par Arthur Rimbaud
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La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.
Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;
C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;
C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !
Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !
- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys
Ophélie apparaît ici comme une figure diaphane,
une femme enfant, fille fleur, vierge sainte
dans des voiles comparée à "un grand lys",
la fleur virginale et mariale.
La quête poétique
débouche à la fin sur la parole étranglée,
sur un ultime et définitif silence,
celui de l’enfant noyé, celui du "pauvre fou",
celui du poète, victime de son "rêve".
Dans les Illuminations
on retrouvera l'incessante obsession
d’unir le feu et la glace ; la neige fondue
incapable de "changer la vie"
et de renaître à un monde diffèrent
La triste Ophélie
ne peut que dériver sur le fleuve de la folie.
Ce poème a été pour moi
un des plus beaux de mon adolescence,
Certainement parce qu'un professeur de français
me l'a fait aimer..Voici quelques définitions :
Ophélie reprend le thème shakespearien
de l'héroïne d'Hamlet,
Ophélie, femme délaissée amoureuse d'un prince
qui devient folle et se noie de désespoir.
Rimbaud brosse avec les couleurs
un véritable tableau,
joue sur le contraste du noir
l’onde calme et noire" et du blanc "fantôme blanc",
adjectifs de couleur repris trois vers plus loin mais inversés.
Comme dans le tableau du peintre anglais,
Ophélie semble toujours vivante,avec les yeux ouverts.
Morte transfigurée
Oh combien j'ai aimé et j'aime ce texte
je le connais par cœur ( comme l'on dit )
Arthur Rimbaud était très jeune quand il l'a écrit
est-ce, ce romantisme, qui m'a plu ,
est-ce les voiles blancs
la sonorité de ce texte, l'image et l'imaginaire
de l'adolescente que j'étais , qui quelque part
attendait aussi un prince de cœur !
Hélas elle flottait en ses longs voiles blancs
comme une jeune-fille fleur de lys virginal
qui rêvait trop et écoutait le chant venu d'ailleurs
il y a en nous cette réminiscence de notre adolescence
ou se mêle un peu de tristesse, et beaucoup d'imaginaire