Un peu de poésie dans ce monde un un fou
douce et paisible poésie qui enchanta mon enfance
Le chant de l'eau : de Émile Verhaeren
Et voici un poème qui émerveilla mon adolescence :
Celui de Mélusine
je l'aime toujours autant
j'ai sans doute gardé mon cœur d'enfant
Mélusine qui danse sur un tapis de perles fine
C'est une fée : Celle de l'eau
mon émotion est aussi grande quand je lis ce texte
je ne sais ce qui me charme ! le chant de l'eau
celle qui est signe de vie, l'eau un des 4 élèments
! les belles épousailles
De l'eau lucide et de la chair,
Dans le vent et dans l'air,
Sur un lit transparent de mousse et de rocailles ;
Et les baisers multipliés du flot
Sur la nuque et le dos,
Et les courbes et les anneaux
De l'onduleuse chevelure
Ornant les deux seins triomphaux
D'une ample et flexible parure ;
Et les vagues violettes ou roses
Qui se brisent ou tout à coup se juxtaposent
Autour des flancs, autour des reins ;
Et tout là-haut le ciel divin
Qui rit à la santé lumineuse des choses !
La belle fille aux cheveux roux
Pose un pied clair sur les cailloux.
Elle allonge le bras et la hanche et s'inclina
Pour recueillir au bord,
Parmi les lotiers d'or,
La menthe fine ;
Ou bien encor
S'amuse à soulever les pierres
Et provoque la fuite
Droite et subite
Des truites
Au fil luisant de la rivière.
Avec des fleurs de pourpre aux deux coins de sa bouche,
Elle s'étend ensuite et rit et se recouche,
Les pieds dans l'eau, mais le torse au soleil ;
Et les oiseaux vifs et vermeils
Volent et volent,
Et l'ombre de leurs ailes
Passe sur elle.
Ainsi fait-elle encor
A l'entour de son corps
Même aux mois chauds
Chanter les flots.
Et ce n'est qu'en septembre
Que sous les branches d'or et d'ambre,
Sa nudité
se mire plus dans l'eau sa mobile clarté,
Mais c'est qu'alors sont revenues
Vers notre ciel les lourdes nues
Avec l'averse entre leurs plis
Et que déjà la brume
Du fond des prés et des taillis
S'exhume.
Pluie aux gouttes rondes et claires,
Bulles de joie et de lumière,
Le sinueux ruisseau gaiement vous fait accueil,
Car tout l'automne en deuil
Le jonche en vain de mousse et de feuilles tombées.
Son flot rechante au long des berges recourbées,
Parmi les prés, parmi les bois ;
Chaque caillou que le courant remue
Fait entendre sa voix menue
Comme autrefois ;
Et peut-être que Mélusine,
Quand la lune, à minuit, répand comme à foison
Sur les gazons
Ses perles fines,
S'éveille et lentement décroise ses pieds d'or,
Et, suivant que le flot anime sa cadence,
Danse encor
Et danse.
Danse mélusine, c'est un rêve d'enfant
c'est toi si belle dans tes fins souliers
comme la nostalgique comme la douce et pâle
Ophélie de Rimbaud
couchée en ses longs voiles qui flotte sur l'eau
Ou l'étoile du soir de Musset !
Avant de partir regarde
étoile de l'amour de descend pas des cieux
trois poèmes en un
trois images romantiques
trois symboles de l'amour
Danse Mélusine et danse encor...