C'est une page de mon livre dont l'édition est épuisée
Livre en hommage à ma grand-mère
et relatant les us et coutumes du pays catalan
Ce jour: l'église est fermée, dans le village,
il n'y a plus de reposoir, plus de procession plus rien,
Mais à Perpignan demeure une coutume
qui est inscrite dans nos racines et notre mémoire
: pour moi dans mon cœur de fillette,
la procession de la Sanch est un moment de communion
Des pénitent sont encapuchonnée
caparutxes : cagoules noires ou rouges,
à cette occasion tout le long du parcours
il y a des tapis aux fenêtres ou des ornements
on sort la vierge de la cathédrale Saint jean
elle était accompagnée par des jeunes filles
en mantilles blanches et j'y étais dans mon jeune âge
dans ces temps où la foi s'exprimait au grand jour
le parcours était fait d'arrêts, de reposoirs et de prières
nous allions ensuite à l'église Saint Jacques
pour laver les pieds du Christ
avec de petites éponges naturelles que nous gardions
précieusement
Tout cela a du changer et je rêve d'y retourner
Et Comme chaque Vendredi Saint,
et ce depuis 1416 à Perpignan
les pénitents de l'Archiconfrérie de la Sanch
revêtiront la caparutxa, noire pour le deuil
ou rouge pour le sang.
Toutes les confréries du Roussillon et de Perpignan
sont représentées.
En tête du cortège, le Regidor, pénitent en rouge,
muni d'une clochette.
Suivent les mistéris fleuris portés par des pénitents.
Ces 'misteris' sont des représentations grandeur nature
des scènes de la passion du Christ
et sont portés par quatre à huit caparutxes
ou par des femmes en coiffes de mantilles.
A Collioure, la procession de la Sanch est nocturne,
elle parcourt les ruelles du village à la lueur des flambeaux,
retraçant le chemin de croix.
Au son des tambours voilés de crêpe noir,
cette procession de la Sanch, unique en France,
est l'une des plus émouvantes expressions
de la piété populaire catalane
où profane et sacré s'imbriquent.
Le Vendredi Saint en d'autres temps ...
J'ouvre une page du livre
"Par les yeux de Lisa"
En ces temps les fidèles semblaient plus nombreux,
Comme si la religion eût offert
un réconfort même aux incroyants ;
et ceux qui, d’ordinaire,
ne mettaient pas les pieds à l’église
la fréquentaient à présent régulièrement.
Jamais, comme à cette époque, elle ne fût si pleine,
jamais les chants ne s’élevèrent aussi fort vers le Seigneur.
Je revois encore la foule, qui pour les Rameaux
venait faire bénir des branches de laurier et d’olivier, de buis;
devant l’église, après la messe,
les uns et les autres discutaient
longuement faisant de petits groupes ;
Lisa n’aurait pas manqué pour rien au monde cette cérémonie
En d’autres temps nous avions, nous les enfants
des rameaux garnis de friandises,
cloches en chocolat et sucre candi
avec des fruits en pâtes d’amandes ...
Lisa prenait sa branche,
qu’elle tremperait dans de l’eau bénite
Pour en asperger matelas et sommiers
et même les oreillers afin de chasser les démons
qui pourraient s’y trouver.
Parmi les dévotes assidues à l’église, il y avait Odette
c’était avec Victoire les deux personnes
qui y passaient le plus de temps,
Elles s’occupaient de tout,cirer astiquer,
changer les fleurs,
sonner les cloches et dirigeaient la chorale
le cœur des jeunes- filles ;
Odette donnait le réponds au prêtre en entrainant les
fidèles a sa suite. Lorsque le curé était empêché
elle le remplaçait pour le catéchisme ou le chapelet.
c’est à elle encore, a qui on faisait appel
pour les veillées funèbres durant lesquelles
elle perpétuait le rite
et récitait les dernières prières
pour assurer le repos de l’âme du défunt.
Pour préparer les fêtes pascales,
c’est encore Odette qui éclairait de ses conseils
et nous aidait à organiser le reposoir de la Semaine Sainte.
Chacun ramenait de son jardin
les fleurs de saison les plus belles,
on sortait de leurs boites
les ornements sacerdotaux jalousement conservés
Nous disposions des bouquets a
vec un sens de l’harmonie
qui paraient l’autel, d
evant ce reposoir chargé de fleurs,
nous allions avec ma grand-mère passer un moment,
pour faire nos dévotions et nous recueillir
en attendant d’être relayées par d’autres personnes.
A l’heure des repas quand les paroissiens se faisaient
plus rares C’était Odette ou Victoire
qui assuraient la pérennité de la présence
Le vendredi Saint les cloches restaient silencieuses
en signe de deuil » parties à Rome »,
Elles n’en reviendraient que carillonnantes pour assurer la
résurrection.
Ainsi pour appeler les fidèles à la cérémonie,
on les remplaçait par des crécelles,
que les enfants de cœur en surplis blanc
agitaient à tour de bras, en courant de rue en rue.
Ils faisaient par trois fois le tour du village,
dans un tintamarre incroyable
et l’on entendait entre deux essoufflements :
C’est le premier, le premier »
Puis repassant un quart d’heure après ils criaient
Le deuxième, c’est le deuxième
et surgissant pour la troisième fois épuisés ils criaient «
Le dernier, c’est le dernier, il faut y aller,
et sans tarder ils s’engouffraient dans l’église
où le service allait commencer
Que de beaux souvenirs j'ai dans ma mémoire et mon cœur
C'était un temps où on s’habillait de vêtements neufs
pour se rendre à l'église et célébrer tous ces moments
Il me reste la photo du fils d'Odette Jean-Noël et de son épouse
Maryse qui a pris la relève et détient les clefs de l'église
qui est fermée , elle avait tant vibré de chants de processions
de toutes ces marques de nos racines et de notre foi
La Catalogne était une terre de coutumes
Pour cause de confinement
cette année il n'y aura pas de procession
on ne sortira pas le Christ de la cathédrale Saint Jean
Ce Christ en bois penche la tête
et dit-on ce serait la fin du monde
quand la tête touchera la poitrine
le bois vieillit c'est pour cela qu'il est préservé
avec le plus grand soin ....